En France, plus de 1,3 million de personnes travaillent au sein d’une coopérative, dans des secteurs très variés. Incarnant la vitalité de ce modèle économique fondé sur des valeurs humanistes, deux coopérateurs ont accepté de répondre au magazine des sociétaires Caisse d'Epargne. Plongée au cœur du modèle coopératif avec ce second portait.

Cathy Drévillon évolue en tant qu’archiviste au sein de la CAE CLARA, une coopérative francilienne dédiée aux métiers culturels et créatifs.

FNCE : Quelle est l’activité de la coopérative CLARA et quel rôle y jouez-vous ?

CATHY DRÉVILLON  : Je suis entrepreneure-salariée et sociétaire de la CAE CLARA depuis 2017. J’y développe mon activité d’archiviste sous le nom de « Madame Papier ». CLARA réunit aujourd’hui une centaine d’entrepreneurs issus du secteur culturel : illustrateurs, comédiens, journalistes, muséographes, communicants, producteurs… Cette diversité crée une vraie richesse humaine et professionnelle. La coopérative a été fondée il y a 17 ans et permet aux indépendants de lancer puis de consolider leur activité, tout en bénéficiant d’un cadre protecteur. On devient salarié de la coopérative, avec un bulletin de paie basé sur notre chiffre d’affaires, ce qui nous permet d’accéder à la sécurité sociale, à la retraite, à l’assurance chômage… C’est une vraie alternative au statut d’auto-entrepreneur.

FNCE : En quoi le modèle coopératif vous semble-t-il particulièrement adapté à votre activité ?

CATHY DRÉVILLON  :  Ce qui me plaît profondément, c’est la dimension collective. Dans la coopérative, on n’est pas seuls face aux défis de l’entrepreneuriat : on échange entre pairs, on collabore sur des projets, on partage des valeurs communes. C’est un environnement de travail stimulant, basé sur l’entraide et la mutualisation. En plus de l’accompagnement individuel, nous bénéficions de services essentiels comme la comptabilité, la création des fiches de paie ou encore la gestion des déclarations fiscales. Une partie de notre chiffre d’affaires contribue au fonctionnement de la coopérative, c’est une logique de réciprocité. On donne, mais on reçoit beaucoup. C’est un modèle qui valorise le travail de chacun et qui aide à construire des parcours professionnels durables, sans chercher des profits exponentiels.

FNCE : Quel est l’engagement attendu des membres et comment devient-on sociétaire ?

CATHY DRÉVILLON  :  Au bout de trois ans d’activité, nous pouvons devenir sociétaires. Cela signifie que nous intégrons la gouvernance de la coopérative, selon le principe démocratique : “une personne, une voix”. Il faut candidater, montrer sa volonté de contribuer, et souscrire une petite part sociale. Être sociétaire, c’est vouloir faire vivre le modèle coopératif, accompagner les nouveaux, participer aux décisions collectives. C’est ce qui me retient aujourd’hui : au-delà de la viabilité de mon entreprise, j’ai envie de transmettre, d’aider d’autres porteurs de projets à croire en leur activité. CLARA nous donne une assise solide pour répondre ensemble à des appels d’offres, mutualiser des ressources, donner plus de visibilité à nos métiers. Dans un monde où beaucoup cherchent à redonner du sens à leur travail, ce modèle en propose un, profondément humain et porteur d’avenir.